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Fin novembre 2022, des tablettes numériques ont été livrées par la mairie de Poitiers dans l’école maternelle Les Minimes en complément des dalles numériques (TBI) déjà présentes dans chacune des classes. Nous précisons que ce n’est pas une demande de l’école et que les maîtresses ne comptent pas les utiliser.
En tant que parents et citoyens, nous demandons à la mairie de Poitiers de protéger nos enfants du numérique, au lieu de les y exposer dès le plus jeune âge, et ce alors que toutes les études scientifiques prouvent montrent la dangerosité des écrans pour les enfants et pour leur développement cognitif (retards significatifs dans l’apprentissage du langage, problèmes de concentration), social (troubles du comportement), du sommeil, obésité, etc.). Comme le résume la pédiatre Anne-Lise Ducanda, « plus de 6100 études ont été menées à travers le monde : quasiment toutes signalent que les écrans ont un effet délétère sur les enfants et particulièrement sur le développement des tout-petits[1]. » Le Collectif Attention[2] (réunissant plusieurs associations, dont Lève les yeux, CoSE, ou Agir pour l’environnement) mène campagne depuis trois ans pour résister à la déferlante des écrans que l’Education Nationale ne fait qu’encourager, et qui contribue aussi aux dégâts environnementaux.
Cet usage du numérique nous pose un certain nombre de problèmes :
Nous réalisons, en échangeant avec des enseignants, que beaucoup d’entre eux estiment que l’utilisation de la tablette en classe relève davantage du « gadget » que d’un véritable outil pédagogique, et qu’elle constitue souvent une perte de temps, sans pour autant améliorer les apprentissages. Au contraire, l’étude de référence PISA qui étudie le système éducatif de 72 pays montre en 2015 que les pays qui ont le plus bas niveau scolaire sont ceux qui utilisent le plus les outils numériques[3].
Les membres du collectif CoSE (collectif de médecins, psychiatres, enseignants) constatent : « Nous trouvons que nos enfants passent déjà trop de temps devant les écrans, et que ceux-ci sont plus néfastes que bénéfiques pour leur santé, leur éveil et leurs apprentissages. Mais nous sommes aussi alertés par les enfants en élémentaire : nous observons d’importantes difficultés dans les apprentissages, des difficultés globales de compréhension, des difficultés à mobiliser une attention soutenue, une maladresse à utiliser les objets du quotidien, un intérêt limité porté à leur environnement (objets et personnes) hormis les écrans[4] ».
Nous tenons également à signaler que la plupart de ces innovations sont imposées sans que de vrais bilans attestent la pertinence ou les bienfaits qu’ils sont censés produire[5]. Le minimum d’une pédagogie bien fondée consisterait à faire retour sur les expériences menées plutôt qu’à dépendre du travail de lobbying de certaines entreprises du numérique auprès du Ministère de l’Education Nationale.
Enfin, nous sommes abasourdis par le montant pharaonique affecté par la ville de Poitiers au « Développement numérique » (285 000 € pour l’année 2021 au budget primitif, 100 000 € dans le budget primitif de 2022) et nous estimons que cet argent, provenant en partie des contribuables, doit être utilisé à de meilleures fins. Nous sommes d’autant plus surpris que ce budget émane d’une mairie écologiste ayant des préoccupations à l’égard de l’environnement. Or, est-il besoin de rappeler que l’industrie numérique contribue au dérèglement climatique (4% des émissions de gaz à effet de serre, et ce pourcentage monte à grande vitesse), qu’elle consomme 10% de l’électricité mondiale, et qu’elle pollue tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des métaux aux déchets en passant par la production et le stockage de données (sans parler du gaspillage d’énergie via les data centers et autres) ?
Pour l’arrêt de cette opération coûteuse, peu utile pour les apprentissages, néfaste dans son ensemble pour nos jeunes enfants, ainsi que pour l’environnement, pour mener une réflexion commune sur les usages du numérique à l’école.
Des parents d’élèves de Poitiers en lutte contre l’imposition des écrans à l’école.
[1] Anne-Lise Ducanda, Les tout-petits face aux écrans : comment les protéger, éditions du Rocher, 2021.
[2] Voir leurs propositions sur leur site : www.collectifattention.com
[3] https://www.oecd.org/fr/education/scolaire/Connectes-pour-apprendre-les-eleves-et-les-nouvelles-technologies-principaux-resultats.pdf
[4] Charte du collectif CoSE : https://www.surexpositionecrans.org/charte-collectif-cose/
[5] Le rapport de la commission des « 1000 premiers jours » indique : « Beaucoup de contenus qui se disent “éducatifs” n’ont pas été évalués en ce sens : il n’y a pas de données scientifiques en faveur d’un bénéfice des logiciels commerciaux actuels pour les moins de 3 ans, même en bénéficiant d’un accompagnement par un adulte. Par contre, le temps passé devant un écran n’est pas un temps d’échange, ni un temps d’exploration motrice, ni un temps de jeu. »